Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur jay veu la lettre qu’escrivez à mon nepveu d’Aiguebelle dattée du
2jour dhier. Je vous mercie très humblement du soing qu’avez dentendre des
3nouvelles de ma santé, laquelle, graces à Dieu, jespère mieulx que jamais,
4encore que dès long temps jen estois en quelque bonne esperance, mesmes
5e trouve que le changement que jay faict de ma chambre en la votre ma
6beaucoup aidé, de sorte que jespère prendre lair plus loing. Cest à dire
7en la valée de Graysivodant dans dix ou douze jours. Jay veu
8aussy les lettres de monsieur le president Belièvre et de monsieur de
9Chastellard et ay grant regret que je ne suis encore en disposition
10de veoir tels fascheux articles et de vous dire sur chacun mon advis,
11combien que la rectitude et lintegrité de voz actions porte tousiours
12sa deffence, quant et soy. Vray est que jay ung peu de regret
13que vous ne vous estes plus doulcement accommodé avec le personnaige
14qu’entens monsieur le president Belièvre par sa lettre ; car quelque sauvaige
15et revesche quil soit, il me semble que cella n’estoit trop malaisé. Vous
16voyés quil n’est point de petis amys comme lexperience nous faict cognoistre
17qu’un seul en a mis une infinité de plus grans que luy contre vous.
18Jespère toutesfois que tout reussira selon le merite de vostre innocence
19et me pardonnerés sy surce, je ne vous puis faire plus long discours,
20esperant entrecy et ung mois deviser de cella et dautres choses plus
21amplement en votre maison de Laval. Cependant, je men vois
22recommander bien humblement à vostre bonne grace et à celle de madame
23de Gordes, sans oublier toute vostre petite noblesse, priant le Createur,
24Monseigneur, vous conserver tout en sa saincte et digne garde.
25De Grenoble, ce XXIIIe jour d’aoust 1572
26Votre à jamais plus fidelle et plus affectionné
27Serviteur
28Truchon